Quand Claudel affirma toute sa modernité
Vous êtes convié.e à une immersion en vidéo (conçue avec la start-up de médiation culturelle Musair) dans l’un des chefs-d’œuvre de La Piscine, dont il vous sera difficile de détacher votre regard !
Les yeux tendus vers les vôtres, elle vous regarde. Cette enfant doit avoir 5… 6 ans peut-être ? Qu’a-t-elle fait ? Tout son corps, tout son visage est rivé vers vous, petit menton qui tremble mais sourcils déterminés… Très expressive, elle vous transmet un large éventail d’émotions. C’est ainsi que Camille Claudel a sculpté le second portrait de sa Petite Châtelaine : en toute liberté. « La crinière de cette petite sauvageonne devient presque un manifeste d’impertinence et d’indépendance ». Car voilà : Camille Claudel a modelé la sculpture alors qu’elle allait bientôt se détacher artistiquement et amoureusement d’Auguste Rodin. A ce titre, cette sculpture peut être interprétée comme une représentation de la relation de Claudel avec Rodin, cette enfant symbolisant la position de Claudel en tant que muse et amante de Rodin. Mais finalement une femme sur la voie de l’émancipation vis-à-vis du Maître.
Sur la voie, aussi, de la modernité. Le regard de cette petite fille est inquiet, interrogatif. Il renvoie un questionnement universel. Rien à voir avec les portraits d’enfants traditionnels. Camille Claudel affirme ici son appartenance à la sphère des artistes symbolistes.
Fruit de recherches frénétiques, cette sculpture est considérée comme l’une des œuvres les plus abouties de Camille Claudel sur le plan technique. Elle fait montre ici d’un travail virtuose de la matière et réussit à capter la grâce et la fluidité du mouvement dans la posture de la jeune fille.
Redécouverte au début des années 1980, cette œuvre de Camille Claudel représente pour les critiques de l’époque la volonté farouche de l’artiste de se singulariser par rapport à Rodin. Elle constitue un apport passionnant à l’évolution de la sculpture.